Lundi 16 octobre 2017
En France, les pertes et gaspillages alimentaires représentent 10 millions de tonnes de produits par an, soit une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros.
Ce gaspillage représente un prélèvement inutile de ressources naturelles, telles que les terres cultivables et l’eau, et des émissions de gaz à effet de serre qui pourraient être évitées. Ces dernières sont évaluées par l’ADEME à 3 % de l’ensemble des émissions nationales. Ce sont également des déchets qui pourraient être évités,qui n’auraient donc pas à être traités et n’engendreraient pas les coûts de gestion afférents. Toutes les étapes de la chaîne alimentaire, production, transformation, distribution et consommation, participent aux pertes et gaspillages alimentaires. L'étude de l'Ademe sur l'état des lieux des masses de gaspillages alimentaires et de sa gestion aux différentes étapes de la chaîne alimentaire montre que la répartition de ces pertes et gaspillages est la suivante:
32Â % en phase de production,
21Â % en phase de transformation,
14Â % en phase de distribution et
33Â % en phase de consommation.
Pour la phase de consommation, cela représente 29 kg par personne et par an de pertes et gaspillages au foyer (dont 7 kg de déchets alimentaires non consommés encore emballés), auxquels s’ajoutent les pertes et gaspillages générés en restauration collective ou commerciale.
Le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire
Signé en 2013 entre l’Etat et les représentants des acteurs de la chaîne alimentaire, le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire comporte 11 mesures fondées sur l’engagement de l’ensemble de ces acteurs (producteurs agricoles, marchés de gros, industries agroalimentaires, grande distribution, restauration collective et commerciale, collectivités territoriales). Il fixe notamment l’objectif national de réduction du gaspillage alimentaire à 50 % à l’horizon 2025, soit une diminution moyenne annuelle de 5% par an entre 2013 et 2025.
En avril 2017 a été lancé le nouveau pacte, qui s’étale sur la période 2017-2020 et regroupe 5 ministères et 55 partenaires. Il se compose de 6 groupes de travail :
GT 1 : Indicateurs et mesure du gaspillage
GT 2 : Dates de péremption
GT 3 : Gestion des invendus et don alimentaire
GT 4 : Innovation, efficacité et partenariats
GT 5 : Éducation, formation, sensibilisation
GT 6 : Europe et international
La loi n°2016-138 du 11/02/2016 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire
La loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire, promulguée le 11 février 2016, complète les dispositions de la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte relatives au gaspillage alimentaire.
Ses deux mesures principales concernent les distributeurs de produits alimentaires. Cette loi prévoit en effet :
l’obligation, pour les magasins alimentaires de plus de 400 m2, de proposerune convention de don à des associations pour la reprise de leurs invendus alimentaires encore consommables ;
l’interdiction, pour les distributeurs alimentaires, de rendre impropres à la consommation des invendus encore consommables.
La loi prévoit par ailleurs les mesures suivantes :
l’inscription dans le code de l'environnement d’une hiérarchie des actions de lutte contre le gaspillage alimentaire :
la prévention du gaspillage alimentaire ;
l'utilisation des invendus propres à la consommation humaine, par le don ou la transformation ;
la valorisation destinée à l'alimentation animale ;
l'utilisation à des fins de compost pour l'agriculture ou la valorisation énergétique, notamment par méthanisation.
l’inclusion, dans la politique de lutte contre le gaspillage alimentaire, d’actions de sensibilisation et de formation de tous les acteurs, de mobilisation des acteurs au niveau local, d’une communication régulière auprès des citoyens, en particulier dans le cadre des programmes locaux de prévention des déchets ;
l’interdiction, pour un opérateur du secteur alimentaire, de s’opposer au don de denrées alimentaires vendues sous une marque distributeur à une association caritative habilitée ;
l’information et l’éducation à la lutte contre le gaspillage alimentaire dans les écoles ;
l’intégration de la lutte contre le gaspillage alimentaire dans le reportingsocial et environnemental des entreprises.
Loi n° 2016-138 du 11 février 2016 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire
La lutte contre le gaspillage alimentaire en restauration collective
Des actions doivent être entreprises dans la restauration scolaire, universitaire et administrative pour diminuer le gaspillage alimentaire, conformément à l’article suivant du code de l’environnement, introduit par la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte :
« Art. L. 541-15-3. – L’Etat et ses établissements publics ainsi que les collectivités territoriales mettent en place, avant le 1er septembre 2016, une démarche de lutte contre le gaspillage alimentaire au sein des services de restauration collective dont ils assurent la gestion. »
L’Ademe a réalisé un guide pratique à ce sujet, qui permet d’accompagner les acteurs publics, mais aussi privés, à établir des diagnostics et des plans d’actions de lutte contre le gaspillage alimentaire au sein de leurs services de restauration collective.
Des actions relativement simples et de bon sens (ex : distribuer le pain non pas à l’entrée du self, mais vers les caisses, et le rendre payant) ainsi que des actions de sensibilisation du personnel et des convives (notamment pour ajuster les portions aux besoins réels) permettent d’atteindre assez rapidement des résultats significatifs.
Pour aller plus loin
Site public consacré à la lutte contre le gaspillage alimentaire
Rubrique « anti-gaspi » du site du ministère chargé de l’agriculture
Guide Ademe "Manger mieux, gaspiller moins" (édition juin 2016)
Rubrique "Manger mieux en respectant l’environnement" du site Ademe
La lutte contre le gaspillage alimentaire, un axe de travail des états généraux de l’alimentation :
Annoncés par le Président de la République en juin dernier, les États généraux de l’alimentation visent à relancer la création de valeur et en assurer l’équitable répartition, accompagner la transformation des modèles de production afin de répondre davantage aux attentes et aux besoins des consommateurs, et enfin promouvoir les choix de consommation privilégiant une alimentation saine, sûre et durable.
Un atelier est consacré à la lutte contre le gaspillage alimentaire, dans le cadre du second chantier "alimentation saine et durable".
Pour plus d'information, consulter le site des états généraux de l'alimentation :
Source : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/gaspillage-alimentaire-0